Chronique de l'album par PAVILLON 666 :
Aaah, le "one man band"... Une expression libre et unique, sans restriction, sans concession et surtout, sans problème d'ego ! Guillaume 'CRuDY'
Deconinck a donc fait le choix de réaliser ce second opus en solitaire, un an après la sortie d'"Out Of Time". Naissance d'un projet "rock-metal ambient/expérimental",
où la mélancolie et le mystère, instaurés par son créateur, se voient aujourd'hui traduits par une nouvelle offrande musicale, une auto-production (KJP Records), intitulée "The Beauty In
Decay". Tout un programme...
Le travail des ambiances étant peut-être l'un des gros atouts et tout simplement l'ingrédient principal, "Bohemian Introduction" sera ainsi parfait
pour ouvrir cet album. Une instrumentale minimaliste touchant de près à l'"atmosphérique" et au "drone", dans laquelle se mêlent bruitages et nappes vaporeuses. Ce démarrage est donc partagé
entre une progression à la fois inquisitrice et pleine d'espoir. "Crushed In My Veins" nous renvoie à son tour dans un espace-temps indéfini.
Avec ses sonorités "indus", "cold wave", "heavy", "atmosphériques" et un clavier intergalactique, pour cette piste d'un autre temps. Le chant gothico-romantique désincarné est discret, mais prend pourtant le dessus. La guitare électrique est rêche mais lointaine, au même titre que la batterie (au son "clair") de Kosad. Nous sommes alors plongés dans un climat irréel et déstabilisant, qui s'achève par quelques notes "symphoniques/classiques". Mélange d'Asia et de Dead Can Dance...
On poursuit notre chemin par quelques touches de piano sur "Forgive Me". Une jolie mélodie en introduction nous ramène très vite vers une partie beaucoup plus obscure, mais aussi légère et poétique. Passé les pleurs étouffés, la voix claire nonchalante est parfois quelque peu faiblarde, ce qui rajoute un effet décalé, unique, qui correspond bien à l'univers, mais amenuise aussi à certains moments l'impact créé par cette sombre atmosphère.
La suite est d'autant plus noire, par son aspect "sympho poussiéreux" sentant bon les premiers Dimmu Borgir, et un chant et une atmosphère "black", sans compter le tempo quasi-doomesque. Mais le côté "prog'" étant omniprésent, d'autres changements nous attendent. Petit retour vers des déclamations dérangeantes sous fond d'un genre inclassable. "Avant gardiste", nous y sommes.
Les accélérations prendront le dessus dans un climat industriel, synthétique/robotique, avant que le piano ne refasse surface pour conclure cette piste aux accents aussi variés qu'étonnants.
L'atmosphérique planante et nostalgique nommée "Like a Child" amène un souffle d'air frais. Le chant plaintif, fragile est plus léger sur le refrain
de ce court morceau guidé par une instrumentale redondante qui monte peu à peu en émotion. Guitare électro-acoustique, clavier brumeux en retrait et un son clair, manquant peut-être de puissance,
mais qui, pour ce type de titre, est finalement adéquat.
Simple mais émotionnel, avec l'aura d'Anathema qui plane juste au-dessus.
Le court interlude "Pain Factory" suit à merveille son prédécesseur par un tempo très lent, seulement quelques lignes planantes et un synthé qui
nous ramène vers l'une des principales influences de ce projet, Type O Negative. De par certaines ambiances et l'emploi du clavier.
Une inspiration que l'on retrouve de part et d'autres de l'album et le morceau suivant "Drunk Again", ne fera pas exception, même si le son "dark wave" prend ici une grande place. Quelques sombres grattages de corde viennent étoffer une rythmique presque au ralenti, alourdissant bien l'ensemble. La voix est encore mise en avant mais se fond plutôt bien, malgré ce sentiment constant d'une justesse quelque peu "borderline". Une fin "atmosphérique" et "électrique" plus sereine nous attend, avant de se noyer dans "Ocean Of Tears". Quoi de mieux qu'un son cristallin pour parler d'eau ?
L'introduction aquatique, véritable songe classieux, nous entraîne très vite au fond des abysses. Le ton se durcit, en dépit d’un refrain plus léger, un chant qui
est encore une fois si proche qu'il semble nous caresser les oreilles. Intéressant, belles ambiances, avec une forme pourtant toujours très minimaliste. La guitare, qui n'a servi qu'à renforcer
(électrifier) le morceau par quelques discrètes interventions depuis le début, nous gratifie tout de même d'un petit solo avant la fin. Une conclusion qui nous laisse rêveur, juste avant une
coupure (trop) nette, qui nous sortira brutalement de nos songes.
Place à l'orage et à la douceur avec "Cold Memories". Une belle mélodie au piano qui monte en puissance, un chant délicat. Un style "cold" et
"gothique" intense qui nous révèle un beau moment, se rapprochant encore de Dead Can Dance. On ressent un souffle froid léger, un univers de désolation, aussi rude qu'apaisant. À
écouter bien évidemment au chaud sous la couette ou derrière la fenêtre un jour de pluie...
Après la pluie, vient le feu. CRuDY change de registre avec "Feel The Flame". Un tempo très lent et des notes de guitare agressives et répétitives, qui installent de manière contradictoire une certaine instabilité.
Des sonorités d'un autre monde, toujours partagé entre le côté old school et futuriste. Plus complexe, avec une voix plus profonde et quelques cris, aussi. Des
montées vocales qui montent et redescendent. Nous sommes dans les montagnes russes, sauf que le parcours nous laisse sur place, on avance et on recule... Un solo "heavy" se chargera alors des
dernières notes. Un quatuor assez inégal se chargera d'achever "The Beauty In Decay". Nous avons d'un côté, "Suffer My Desire", dont les pleurs seront rythmés
par une progression instrumentale "rock" désenchantée, très prenante. Ce qui n'est pas le cas de "June", qui m'apparaît plus plat, moins marquant, surement à cause du refrain
"terne", malgré un joli solo et des ambiances travaillées. En revanche, "Lost Memories" révèle une sublime partie instrumentale. Dans ce registre là, on peut dire que la magie
opère, le talent du compositeur se révèle vraiment. Puis, par une rythmique crépitante, "Lola's Burning Alive" vient ajouter plus de dynamique en cette fin d'album. Solo "heavy",
comme le ton général aux accents "rock hard/sympho". Une fin sans prétention qui reflète finalement assez bien le domaine musical choisi par son créateur.
CRuDY ne s'apprivoise pas à la première écoute, c’est certain. Les 13 pistes de ce nouvel album, l'une après l'autre, nous larguent dans un univers
inconnu... et familier. Familier, par la proximité de son interprète, inconnu, par le côté très personnel de cette expérience musicale. Mais le laborantin a de l'idée et nous n'aurons pas besoin
de prêter l'oreille très longtemps pour arriver à comprendre la formule de "The Beauty In Decay", qui n'est pas inaccessible non plus. Quelques petits bémols (transitions,
chant), des "maladresses" qui n'en sont pas vraiment.
Effet voulu ? En tout cas, ils révèlent une sincérité touchante. Le genre d'album que nous ne verrions pas autrement, car le rendu, dans sa forme (production) et son fond (compositions), brut et délicat à la fois, est finalement exactement comme il devrait être. On ressent un sentiment d'isolation et de mélancolie évident au travers des textes et de la musique qui l'entoure. Tout en retenue, Guillaume Deconinck nous livre ses confessions, il nous laisse une porte ouverte vers ses pensées les plus profondes. Des confessions imparfaites peut-être, mais d'une grande sensibilité ... Humaines.
NOTE : 6,5/10
Chronique de l'album par METALSHIP :
The Beauty In Decay n’est autre que le reflet de l’âme tourmentée de son géniteur. Souvenez-vous, nous avions découvert Guillaume "Crudy"
Deconinck avec un premier essai, le sombre Out Of Time qui posait les bases d’une musique personnelle et dérangeante, étrange et définitivement en marge de ce qui a
tendance à se faire en ce moment en matière de Metal. Beauty In Decay semble suivre le même chemin, avec toutefois une maturité acquise au cours d’un long travail de
composition.
Ce nouvel album frappe toujours autant par son aspect proche de l’OVNI musical comme on en voit rarement passer. Après une simple écoute sans porter grande
attention, on aura eu la sensation d’avoir fait un voyage étrange on ne sait où…
Et les plus curieux, ceux qui aiment aller plus loin pour réellement apprécier la musique, multiplieront les écoutes, et c’est sans doute là que Crudy nous livrera les secrets d’un art intimiste et personnel.
A première vue, Beauty In Decay semble plus lumineux que son grand frère paru quelques mois plus tôt. Pourtant, toujours perdu dans les méandres de différentes influences metallistiques, Crudy varie les sentiments et la chaleur de son disque au fur et à mesure des titres, au fur et à mesure des écoutes. Entre chansons très calmes et désabusées (Crushed In My Veins) et morceaux typés Black (Forgive Me), on se demande où Crudy veut nous emmener. Mais il n’y a peut-être pas vraiment de réponse à ces interrogations, il veut sans doute nous faire pénétrer son univers musical étrange, celui qui reflète les tourments d’une âme à fleur de peau, celui qui reflète aussi toute la générosité d’une personne qui a choisi d’aider ses contemporains. Les bénéfices du disque sont d’ailleurs reversés à l’association Petits Princes.
C’est en distillant ses influences issues du Rock, du Metal ou encore du Blues ou de groupes comme Killing Joke ou The Cure et
Type O Negative que Guillaume se recrée son propre cocon musical, celui qui le rassure, mais qui en même temps le conforte dans un certain spleen. Car à en croire certains
passages romantiques et des variations plus brutes, on sent que tous ses sentiments se mélangent et arrivent un peu comme ils viennent pour un effet assez décousu mais certes sincère.
Ce disque est-il vraiment pour les autres ? On se le demande parce que la musique de Crudy semble tellement intime que l’on se sent presque en train
de violer son monde lorsque l’on se prend à être bercé par ses notes cathartiques. La musique de Crudy ne serait-elle pas plus un exutoire qui ferait le pont entre ce qu’il est
et ce qu’il voudrait être ? Une sorte de message pour crier au monde de se regarder en face afin de rendre à tous des jours meilleurs ?
En tout cas, que l’on aime ou que l’on aime pas, Beauty In Decay porte en lui le flambeau d’une musique salvatrice, d’un travail vraiment
impressionnant, et même si l’on ne sait jamais vraiment où on s’aventure au gré des notes mystérieuses et sonorités étranges, Crudy peut être fier de cet album !
NOTE : 6,7/10
Chronique de l'album par METALSHIP :
CRuDY est un one man band formé sous l'impulsion de son géniteur Guillaume Deconinck qui se propose de nous faire découvrir son rock ambiant et expérimental. Oui, on est loin des projets personnels des shredders et c'est tant mieux ! Après un premier album "Out Of Time" sorti en 2009 qui faisait le point sur tout un pan de sa vie, l'homme remet le couvert avec "The Beauty In Decay" pour nous ramener dans les limbes de son esprit afin de nous y faire découvrir toute sa complexité. Une sorte de psychothérapie musicale plus que salvatrice, quoi…
…A partir de là, on sait qu'on va se retrouver d'entrée de jeu dans une musique loin de tout formatage commercial. Au contraire, "The Beauty In
Decay" va suivre qu'une seule voie : celle de CRuDY. Et CRuDY est une sorte d'entité insaisissable qui n'obéit à aucune règle… mise
à part la sienne. C'est pourquoi tous les titres de cet album vont raconter une histoire, déverser des émotions fortes avant d'être "consommables" par l'auditeur ("Crushed In My
Veins", "Suffer My Desire", "Drunk Again"). Je veux dire par là que Guillaume Deconinck ne va pas s'attache à la forme de son
sujet mais plutôt à son fond véritable. Ainsi, même si le chant n'est pas son point fort (car trop linéaire et mal assuré), et que les articulations / orchestrations des morceaux sont parfois un
peu tirées par les cheveux, CRuDY réussi le tour de force de nous envoyer à la gueule l'essence même de ce qu'il veut nous exprimer.
De ce fait, malgré toutes ces imperfections, CRuDY reste un projet attirant qui prouve que parfois les bonnes intentions peuvent faire un
bon disque(et oui ! J'avais toujours soutenu le contraire, pourtant…).
Je dirais même que les imperfections du disque en font toute sa singularité, dans la mesure où on ressent le côté viscéral de l'écriture de Guillaume Deconinck qui cherche à mettre en lumière ses états d'âme, de manière vraie et sans artefact.
Ainsi, "The beauty In Decay" s'avère être un album aux multiples facettes qui retranscrivent un univers assez torturé mais résolument mélodique et
plus profond qu'il n'y paraît au premier abord ("Forgive Me", "Like A Child"). S'il est difficile d'appréhender l'ensemble dès le premier jet et de rentrer
totalement dans le monde de CRuDY tant l'homme mélange les styles et les instrumentations, une écoute attentive va nous permettre de poser un pied dans cet
enchevêtrement pour en apercevoir toute l'envergure. On ne navigue pas ici dans des morceaux techniques ou du tape à l'œil, mais plutôt dans les méandre de l'esprit de l'artiste qui oscille
entre noirceur, désespoir et douce mélancolie ("Lola's Burning Alive", "Suffer My Desire", "Feel The Flame"…)
A l'arrivée, "The Beauty In Decay" se pose comme un disque vrai, un disque sincère, qui a été réalisé avec les tripes. On se trouve devant un
artiste qui ne triche pas, un artiste qui se met à nu devant nous (au sens figuré, je vous rassure…hein ?) pour laisser libre court à son expression artistique : la musique.
Une galette très imparfaite, sans doute bancale mais qui nous montre un CRuDY ô combien sincère dans sa démarche. Voilà, un p'tit artisan qui n'a pas à rougir de sa musique
face aux grosses cylindrées sans identité qui nous rabattent les oreilles à longueur de journée sur les ondes.
Avec un peu plus de moyen pour la production et un peu de recul sur son propre travail, nul doute que le prochain album nous révèle un nouveau pan de la personnalité
de Guillaume Deconinck. Je tiens à préciser que les ventes de "The Beauty In Decay" seront intégralement versées à l'association Les
Petits Princes. Faites un beau geste, les amis…
NOTE : 13/20
Chronique de l'album par MAGIC FIRE MUSIC :
Crudy est le projet d'un seul homme, Guillaume Deconinck, un jeune blondinet à la coupe de cheveux résolument Glam Rock des années 80, ce qui lui donne un certain style, un peu kitch certes, mais résolument Rock'n'Roll. Étrangement musicalement nous sommes loin de cette image véhiculé par le jeune homme. En effet, loin de pratiquer le Rock de Motley Crue ou de Poison, Guillaume fait dans l'Ambient Rock Expérimental. Réellement difficile à cerner la musique laisse libre court à l'imagination de l'auditeur. Compositeur, producteur, arrangeur et musicien, Guillaume essaye avec autant d'atouts que de défauts de nous emmener dans son univers.
Il n'est jamais facile de réussir un tel challenge et n'est pas Devin Townsnend qui veut, mais pour un second essai je dois dire que Guillaume s'en tire tout de même bien.
Le monde triste qui se dessine au fil de l'album possède un goût que certains groupes de Post-Rock ne renieraient pas, mais notre compositeur va plus loin. Ici où là des moments que l'on qualifieraient de Progressif se présentent à nous. C'est le moment où le guitariste dévoile sa vraie nature. En parlant de guitare, je trouve justement que ça manque un peu de riffs ! Il faudrait que la demoiselle s'exprime un peu plus (comme sur "Lola's Burning Alive"). Le clavier prend en effet un peu trop souvent le dessus, surtout au niveau des harmonies. Du coup ça manque de consistance et de profondeur.
A contrario, on ressent bien plus l'émotion et l'humeur du compositeur, même si ici on n'atteint pas la puissance émotive
d'un Katatonia par exemple, notamment sur "Cold Memories".
De nature très personnelle, The Beauty in Decay se veut être le disque d'un homme. Mission réussie car assez souvent Guillaume partage
avec nous son (ses) état(s) d'esprit(s), ses souvenirs. Mais derrière cette tristesse et cette mélancolie on retrouve toujours un peu d'espoir. Dommage que le chant de Guillaume ne soit pas d'un
bon niveau, car cela nuis à l'immersion. Enfin, dernier reproche, la production. Entièrement fait maison, il manque un peu quelque chose, un peu de puissance et de profondeur.
En conclusion, sur ce second disque de Crudy, on retrouve des compositions abouties qui auraient pu se révéler plus envoûtantes et planantes
avec des moyens supplémentaires. Mais comme l'argent ça ne pousse pas sur les arbres, pour le moment on se contentera de ça.
Un bon moment tout de même. Bonne chance pour la suite petit blondinet !
(et un conseil perso, continue sur la voie "Lola's Burning Alive" quel titre !!!)
NOTE : 13/20